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  • Iso

Orpheline...


C'est un drôle de mot ça "orpheline", avant je ne l'associais qu'aux veuves typographiques ou à Victor Hugo et à ses Misérables...

Et aujourd'hui me voilà à mon tour orpheline "pour de vrai".

Y-a-t’il un âge pour revendiquer ce titre, cette place, cet état d'être ? Car c'est bien ainsi que le mot résonne : devenir "orphelin" c'est changer de place dans la hiérarchie familiale et se retrouver sans père, sans mère (c'est mon cas) ou sans les deux.

Et que l'on ait 1 an, 15 ans, 30 ans ou 54 ans, cela n'y change rien. D'un seul coup on se retrouve privé de son ascendant.

Encore un drôle de mot aussi celui-là : je suis descendant de mon ascendant. Ça monte et ça descend et ce qui est en haut, d'un seul coup se retrouve en bas, plus bas que terre même, se retrouve en poussière. Et moi je passe la marche suivante. Je grandis par obligation. Je suis maintenant la plus vieille des femmes de la famille.

Laisser faire les émotions que cela provoque. Laisser passer la houle du chagrin, de l'incompréhension, le voile du doute, de la culpabilité, la sensation de l'irrémédiable et du futile tout à la fois.

Voir d'un seul coup la vie comme un décor. Voir tout d'un coup la mort comme un jardin. Et le tout qui se transforme à chaque instant si je prend le temps.

Prendre le temps de ressentir. Ne pas rechercher la solution pour fuir le mal-être ou le chagrin mais laisser monter ce qui est là. Je sens que c'est la voie juste. Juste mais pas facile....

Je ne peux plus chanter sans pleurer et il m'est bien plus facile de crier que de murmurer.

je ne peux plus dormir sans rêver et mes nuits et mes jours sont ponctués de bouffées de chaleur qui me rappellent que mon corps a atteint lui aussi sa limite de reproduction.

Je ne peux plus regarder devant sans me retourner vers hier.

Alors, ralentir. S'arrêter. Se poser.

Faire de la place, pousser les anciennes certitudes pour accueillir un nouvel éclairage, une nouvelle position, un nouveau regard. Juste accueillir....

Heureusement mon nez rouge est venu m'aider à repousser les autres masques qui me tendaient leurs élastiques : "la bonne figure", "la super-woman", "l'éplorée inconsolable", la victime", "la manipulatrice".... Bref, toutes les combinaisons possibles pour tirer de vieilles ficelles, essayer d'anciens subterfuges pour ne pas trop souffrir, pour faire "comme si".

Céleste est venue m'aider à pleurer à chaudes larmes, à rire à gorge déployée, à hurler à plein poumon, à boire l'eau des fontaines sacrées sans peur du qu'en dira-t-on, à regarder mon corps qui vieillit avec plus de gentillesse et moins d'agacement.

Merci Céleste de me rendre plus fille de ma mère aujourd'hui que je ne l'ai été hier.

Je me souhaite aujourd'hui de trouver l'espace nécessaire pour m'accepter dans tous mes états, sous toutes mes coutures et avec tout l'amour nécessaire pour devenir à mon tour une femme et une mère entière.

Et de prendre le temps nécessaire pour cela.

In lak’esh


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